Archive for [une]
October 14, 2006 · category [lecture], [une], [video]
Lecture de Obsession : du bégaiement non pas pathologique, non pas de l’émotion, mais mécanique, de la langue qui se culbute affrontant sa propre matérialité de langue : son articulation. Cela renvoie à la lecture l’articulation avec Charles Pennequin.
October 8, 2006 · category [une], [video]
La vidéo Koundri [zone intensité] créée pour le texte de Jacques Sivan passe à Montévidéo dans le cadre d’ActOral. 5 Festival des écritures contemporaines.
August 20, 2006 · category Uncategorized, [une], [video]
Lecture de Joël Hubaut, qui s’est déroulée le 25 juillet au son des cigales lors du festival de Lodève. À partir d’une captation, j’ai tenté de créer une vidéopoetry qui correspond à l’intensification de la lecture de Hubaut. Cette vidéo est la version v.1 de cette adaptation. Elle est conçue selon la prolifération sémiotique des éléments picturaux, qui ne sont rien d’autres que des fonts de caractères, des alphabets à tapoter sur le clavier.
voir :
Download Link
February 24, 2006 · category article, [une]
[artice paru sur Libr-critique.com]
Dans le Télérama du 1er février 2006 (n°2925), Olivier Céna, critique téléramiste, une nouvelle fois se distingue par son parti pris, par sa verve empâtée de bons sentiments et de visions métaphysiques. D’Olivier Céna, on sait qu’il sévit depuis déjà un certain temps dans ce magazine TV à destination des intellectuels. C’est ainsi que déjà en 1995, dans le Télérama hors série sur la photographie, il défendait une photographie humaniste, au sens où pour lui “l’un des intérêts fondamentaux de la photographie (…) peut être la révélation du regard universel de l’homme, de son état amoureux, de son humanité possible“. Grande déclaration, qui non seulement fait fie de ce que pourrait être précisément l’Humanisme (celui du XVIème siècle), mais qui en plus réduit l’histoire de la photographie à la première moitié du siècle.
Dans son article Passer la main, Olivier Céna repart en guerre contre certains processus d’abstraction et d’installation, en prenant comme prétexte l’exposition Notre Histoire, visible jusqu’au 7 mai au Palais de Tokyo. Dans cet article, comparant l’installation de Kader Attia, proposant un labyrinthe de matraques fixées à un mur, et de l’autre une peinture de Yan Pey-Ming qui a servi de couverture pour le Télérama du nouvel an, et qui représente une main brandissant une matraque, il se lance dans une attaque en règle des artistes post-modernes, artistes sans main, artiste designer, artiste qui aurait perdu, oublié, le rôle de la main dans la conception de l’oeuvre. C’est en ce sens qu’il établit une apologie de la main : “la main, comme le regard, est ce qui dès la naissance nous accueille ou nous repousse. En art, elle n’est pas qu’un simple outil au service d’un concept. Quel que soit le talent de l’artiste, le geste déforme, même imperceptiblement, révélant la personnalité de l’auteur (…). La main — le corps à l’oeuvre — dit ce que les mots ne peuvent énoncer. Elle ne ment pas, elle ne triche pas, elle révèle : l’être, l’humanité — cette empreinte émouvante sur le mur d’une grotte“.
La vision qu’il défend de l’art, je le souligne d’emblée, est héritière de l’analyse qu’a pu avoir Heidegger dans Qu’appelle-t-on-penser ? La verve d’Olivier Cena ressemble à celle de la vision phénoménologique de Heidegger, et implique le même horizon métaphysique : “L’oeuvre de la main est plus riche que nous ne le pensons habituellement. La main ne fait pas que saisir et attraper, que serrer et pousser. La main offre et reçoit (…). La main trace des signes, elle montre, probablement parce que l’homme est un monstre. (…) Mais les gestes de la main transparaissent partout dans le langage, et cela avec la plus grande pureté lorsque l’homme parle en se taisant. (…) Toute oeuvre de la main repose dans la pensée” [p.90, PUF].
Pour juger de l’exposition du Palais de Tokyo, Olivier Céna pose ainsi a priori un prisme d’analyse, qui non seulement permet de légitimer ou d’illégitimer ce qui est présenté, mais qui en fait projette a priori ce que devrait être d’abord et avant tout une oeuvre d’art : à savoir qui postule une essence trouvant son incarnation par le seul travail de la main.
Il est bien évident ici que nous pouvons apercevoir une démarche épistémologique qui ne réfléchit pas sur sa propre logique. Tout d’abord, Olivier Céna, au lieu de s’interroger sur la démarche posée par l’oeuvre, et non pas seulement par l’artiste, part de présupposés esthétiques qui subordonnent toute phénoménalité artistique à ses propres critères de vérité. Ici, l’art donc obéit à une essence, celle de la manoeuvre, qui correspond seulement à certaines déterminations historiques de sa concrétion. Il y a une confusion entre d’un côté les principes qui peuvent émerger de certaines démarches et de l’autre la possibilité de poser une vérité en art. Ce qui détermine certaines démarches est hypostasié en tant que critère de vérité, et vient de là condamner a priori toute autre démarche. Dès lors, c’est une inversion de la relation cause/effet qui va commander son discours, ce qui n’était qu”effet en tant que discours devient causalité de tout regard sur les oeuvres qui apparaissent.
Ceci le conduit à ne pouvoir s’interroger sur ce qui surgit dans l’art contemporain, notamment celui qui prend forme par les installations. Cet aveuglement l’empêche de comprendre en quel sens par moment, et notamment aujourd’hui, un certain tournant épistémologique en esthétique est impliqué par les oeuvres contemporaines qui se constituent au niveau numérique.
Sa démarche est contradictoire avec ce que tente d’observer, entre autres, Mario Costa, dans Internet et globalisation esthétique (L’Harmattan) : “La dimension esthétique de l’époque qui s’ouvre sera de moins en moins celle de l’art, et s’approchera de plus en plus de celle, que j’ai commencé à indiquer il y a vingt ans sous le nom de “sublime technologique“. Mario Costa, défend un tournant épistémologique du regard sur l’art, en tant que celui-ci dépend non seulement de ses conditions époquales d’apparition (d’où la nécessité de réfléchir au démarche de ready-made depuis Duchamp comme impliqué par des conditions socio-économiques impliquant une interrogation artistique), mais en plus des conditions technologiques de sa propre concrétion. Ainsi, si Olivier Céna peut mettre en critique l’artiste-concepteur, il témoigne par là de sa mécompréhension de l’usage par exemple des technologies en art, du fait que les oeuvres ne sont plus le résultat d’un artiste singulier, mais de réalisations de groupe, où le concepteur peut travailler avec informaticiens, avec des graphistes, afin de concrétiser son projet.
De même, alors que ce que privilégie Olivier Céna, tient à la re-présentation, et en cela à une mimésis qui serait à penser au sens de l’impensé de Hegel (voir sa description de la main de Yan Pey-Ming), l’art au XXème siècle s’est consacré davantage à la question de la présentation. Les installations, comme celle de Kader Attia, ne re-présentent pas, mais présentent, sont des présentations d’abord et avant tout, qui ne correspondent aucunement à la figuration d’une expression. “Les productions” comme le souligne Mario Costa, “ne sont plus caractérisées par le symbolique et par les suggestions nébuleuse qui en découlent, mais possèdent une essence cognitive indispensable et claire (…) Le travail esthétique devient une véritable investigation intellectuelle“.
Ce qui est alors reproché aux artistes post-modernes ne peut que faire sourire, car reposant sur une certaine inconsistance épistémologique et esthétique. Tout l’enjeu tient justement à réfléchir aux démarches post-modernes selon une analyse rigoureuse des oeuvres qui apparaissent. Aussi bien, au niveau artistique, qu’au niveau littéraire.
February 10, 2006 · category article, [une]
[article paru sur agoravox] Avec la sortie des Sims 2, il y a plus d’un an, une nouvelle pratique narrative est née sur les skyblogs : les histoires de Sims, faites de vignettes. Comment comprendre ce phénomène et cette narrativité ? Le phénomène Sims n’est pas récent au niveau du jeu vidéo, et sa mise en question par la littérature a déjà eu lieu de même, avec le livre par exemple de Chloé Delaume : Corpus Simsi (ed. Léo Scheer) où Chloé Delaume se fictionnalise et interroge ce monde numérique à partir de son avatar Sim. C’est en ce sens qu’elle avait ouvert corrélativement à la sortie de son livre, un blog : Le blog d’une Sims pire que les autres, avec un calendrier se déclinant sur le syntagme du jeu : 1er simsirien, etc. Mais, depuis, est sorti Sims 2, gestion 3D, beaucoup plus développé au niveau de ses moteurs de rendu, et des simulateurs de vie. Une nouvelle forme de narrativité est née sur Internet, qui associe création d’histoire et capture d’écran du jeu des Sims. A partir du site sofia-sims, il est possible de découvrir une multiplicité de sites qui déclinent ces histoires de Sims. La majorité des sites qui apparaissent dans ce type de narrativité semblent retranscrire une existence calquée sur celle qui est vécue au niveau du monde réel, à savoir ils se présentent comme des représentations/réappropriations d’un vécu de sens, et de sa mise en jeu selon l’imaginaire particulier de chacun des créateurs.
Si l’on considère le blog academie-mania, par exemple, on voit une aventure de jeunes qui rentrent dans une académie qui pourrait ressembler à la Star-academy. Le créateur duplique cette logique du format télévisuel, et met en situation ces personnages selon la variation des motifs psychologiques qui les relient. Dans un autre blog, il se met à décliner, façon sitcom, une histoire de couple. Ces blogs narratifs ainsi sont des lieux où les créateurs peuvent aborder un certain nombre de problèmes liés soit à la vie personnelle soit à la société. On retrouve par exemple cela dans le blog : Julia, Une femme, des rêves, une vie… qui raconte les aventures sentimentales et sociales d’une jeune femme lesbienne dans la lignée de la série L-World. L’auteur de cette aventure, qui en est à la saison 4, non seulement retranscrit une sitcom, mais en plus implémente dans son blog la logique de construction des séries, les composant par saisons. De plus, alors que les saisons 1 & 2 n’ont pas de cinétique, dès la saison 3, cela s’ouvre par l’intégration sous la forme de gif animé de cinétique. Il est évident, à lire ces histoires, qu’au niveau narratif, elles ne sont pas créatrices réellement d’un nouveau format, au sens, où elles ressemblent au roman-photo d’antan, mais selon une autre modalité de production d’images, puisque les acteurs de ces récits sont virtuels, issus de la modélisation de personnages. Mais ce qui différencie le classique roman-photo de ces histoires bloguées, tient au fait que les lecteurs peuvent donner leur avis, intervenir dans les comments. Ce dont ils ne se privent pas, si on considère le nombre de commentaires laissés par exemple sur les deux blogs de Julia qui retranscrivent les 4 saisons des aventures (6129 commentaires pour les 2 premières saisons et déjà 10733 commentaires pour les saisons 3 & 4 alors que la saison 4 n’est pas finie). Donc les créateurs, plutôt que d’entrer dans un ordre de trangression soit de la narrativité, soit même des convenances sociales, économiques, en redéploient la modalité par la variation seulement des contenus. En ce sens, ces aventures de Sims par vignettes se présentent comme des lieux de réflexion et de réappropriation de la réalité sociale par les auteurs, non pas en vue d’une critique, d’une remise en cause, mais en tant qu’ils semblent rechercher à définir par eux-mêmes, en tant qu’ils sont les démiurges de ces mondes, une certaine forme de cohérence sociale, par le jeu de rôle. Il y a ainsi tout à la fois un caractère symptomatique dans ces narrativités, et un espace de construction/réflexion du lien social. Caractère symptomatique du fait de la standardisation aussi bien du fond et de la forme. L’utilisation du blogging de skyblog, réduisant l’inventivité représentationnelle, formalisant la linéarité au plus strict minimum, et d’autre part le cadrage des vignettes reproduisant le plan américain des séries, la composition télévisuelle. Au niveau du fond, il est évident, que ce sont les modèles de même télévisuels qui influencent ces créations, en tant qu’elles en décalquent les principes aussi bien situationnels que les dialogues et les réactions. Mais au-delà de cette critique de la standardisation de l’imaginaire, il est aussi évident, que les créateurs entrent dans un espace où ils réfléchissent à leur propre existence par la médiation de la fiction qu’ils créent, de même cette réflexion entre en relation avec la communauté des commentateurs qui suivent ces aventures. Ainsi pour conclure, si rien de bien nouveau ne se présente vraiment dans ce nouveau format narratif, cependant une nouvelle fois se découvre en quel sens la possibilité de la réappropriation du lien social passe par les médiations numériques, aussi bien ludiques que narratives.
February 6, 2006 · category article, [une]
[article paru sur agoravox]
Les podcasts et les vcasts, en tant que production audio-visuelle, sont-ils à penser à l’aune de la télévision ? A l’occasion de leur stigmatisation dans un article, nous analysons leur nature, et tentons de mettre en lumière leur potentiel devenir.
Le 28 janvier, sur le blog radical-chic.com, Guillermo a écrit un article stigmatisant l’usage des podcasts (lire ici). Il explique que le podcast, par sa qualité, et par son médium – soit seulement son, soit image et son (vpodcast), retranscrit la médiocrité télévisuelle, ne peut que manquer de contenus.
Or, il est bien évident que cette analyse repose sur de nombreuses bévues :
1/ Tout d’abord, au niveau télévisuel. Ce n’est pas le médium qui provoque la médiocrité du petit écran, mais bien au contraire la logique de l’usage de ce médium, et l’intentionnalité qui la domine. Une technique n’est pas neutre, mais elle est toujours déjà investie d’une certaine logique d’utilisation, de certaines idéologies quant à son pouvoir. La télévision dans son usage est destinée à une large population (mass média), et vise l’interprétation et la compréhension moyenne de celle-ci. De plus, du fait de sa spécificité technique (usage de canaux qui sont en nombre restreint) seuls les intérêts assez puissants économiquement peuvent se permetttre d’avoir des canaux (y compris au niveau de la TNT).
2/ Un médium a des qualités spécifiques qui peuvent croiser les qualités d’un autre médium ou s’en distinguer. Ce qui implique qu’avant de condamner l’audio-visuel, il faudrait épistémologiquement comprendre les propriétés qui soustendent cette dimension d’expression.
3/ Le podcast, comme le vcast, appartient à une autre dimension que celle de l’univers télévisuel : aussi bien quant à la logique de production des contenus (qui repose majoritairement sur l’émergence de l’expression privée, telle que l’exprime Joël de Rosnay : passage “des mass média aux média de masses) que quant à leur diffusion, qui n’obéit pas à des canaux spécifiquement, mais à des plateformes, ce qui signifie que le flux podcasté est un segment de plateforme, et non pas un segment d’une séquence ininterrompue de diffusion.
Dès lors, avant de condamner pour médiocrité, il est nécessaire de réfléchir à l’usage qui peut être fait d’un médium qui a priori n’est pas surdéterminé par des intérêts économiques qui régissent par exemple le monde télévisuel.
Une émission de podcast ou de vcast n’est pas un format pensé tout d’abord pour une masse, il peut être librement élaboré par n’importe quelle personne. Ainsi, si on peut voir en effet des usages grégaires de ce type de diffusion, il est certain que le podcasting peut aussi être la plateforme d’émissions pertinentes, au caractère singulier.
C’est ce qu’entreprend par exemple le site criticalsecret. Le podcast n’a pas un format qui lui est préétabli, mais pour l’instant, il y a encore indétermination de toute forme de format, celui-ci dépendant de l’émergence de ses usages, et de l’ouverture et de l’invention des podcasteurs. C’est donc l’usage qui en est fait qui peut commander le jugement qu’on porte sur le podcast, et il n’y a pas de critères a priori quant à son usage. De même pour les blogs, c’est bel et bien son usage qui en détermine la propriété, et ce n’est pas la nature du blog qui détermine sa valeur. Le podcast ou le vcast, par le contenu qu’ils peuvent véhiculer, ne s’opposent pas à la textualité, mais tout au contraire apportent la spécificité de leur médium : son et image. Les techniques ne sont pas exclusives les unes des autres, mais chaque technique est un vecteur d’élaboration nouveau pour la capacité représentationnelle de l’homme. En ce sens, on ne vise pas la même élaboration de contenu entre l’écrit et le flux sonore ou vidéo. Ces flux doivent s’élaborer par une réflexion stricte sur ce qu’ils portent en eux. Le podcast permet d’associer des documents sonores au contenu.
Par exemple, si on travaille sur une chronique portant sur de la poésie sonore, le podcast permet de lier à l’analyse les traces réelles de ces expériences poétiques. De même, si on fait une chronique vcastée sur un discours politique, on peut soutenir cette analyse par le document dont on parle, ceci non selon une logique informationnelle télévisuelle, mais selon sa propre logique. De plus, alors que le médium télévisuel, pour ses diffusions, obéit à des grilles horaires, et demande une logique stricte et lourde de l’intervention du temps réel, par la démocratisation des technologies de l’information (enregistrement son ou image, transfert sur le Net) les podcast ou les vcast peuvent devenir des relais en temps réel d’une actualité qui se déroule. On se souvient, lors des manifestations altermondialistes de Gênes, des diffusions en temps réel des événements par Indymedia. De même se développent de plus en plus les processus de phoneblog, tel que, par exemple, le fait mémoire-vive.org.
Ce type d’intervention est spécifique au médium image/son, en tant qu’elle repose sur la diffusion de ce qui a lieu, et non pas sur la narration de ce qui a lieu.
Tout cela pour dire que dans un mouvement sans précédent de la démocratisation de l’expression publique, il est nécessaire de réfléchir, peut-être d’abord et avant tout, aux conditions de cette expression, en s’interrogeant sur les usages que nous faisons de ces médiums. Si l’article de Guillermo est de fait critiquable, il a cependant le mérite d’obliger à penser ce que sont nos pratiques, et ce que sont nos impensés par rapport aux technologies, que nous employons.
« Previous entries ·
Next entries »