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Archive for March, 2024

Archéologie d’une mémoire impossible

Lorsque l’on regarde la très grande majorité des images issues des IA génératives sans qu’on en prenne conscience notre esprit reconnaît des sources, des origines, en bref a intuitivement accès à un ensemble de données images qui ont été digérées dans le processus de la création du modèle. Les modèles des IA sont construits selon une indexation des images obéissant à notre représentation.
En ce sens l’imaginaire de la machine est construit sur un déterminisme de la perception et de la mémoire humaine. Certes, l’imagination artificielle ne fonctionne pas comme la nôtre, mais du fait du déterminisme catégoriel établi à la fois dans les modèles-images et dans leur correspondance linguistique, l’imaginaire artificiel se conforme à une mémoire que nous avons de nos images.
Olivier Auber a très rapidement décelé ce biais cognitif à travers ses portraits . La génération IA mettait en évidence selon un point aveugle (anoptikon) pour l’utilisateur, la logique d’indexation de nos propres images et de leur logique. C’est en ce sens que les portraits de directeurs de musées, de sociologues (etc) générés se constituent comme des miroirs révélateurs de notre propre logique de mémorisation par l’image. Ce biais cognitif a bien été perçu par les producteurs d’IA, mais il n’est pas facile à rectifier comme nous avons pu le voir avec les nazis ou vikings noirs de Gemini.

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L’indécision du corps

En 2018, inaugurant mon travail sur l’imagination artificielle des IA quant à la génération d’image, je me suis mis à travailler sur les possibles d’une faune post-historique. Plus exactement, ma création par l’IA était liée à cette fiction révélante : la conscience d’un être technologique (ET) non humain, tentant après la destruction du monde tel que nous le connaissons d’imaginer ce qu’aurait pu être la faune qui a disparu. Les animaux surgissaient, tous étranges, hybrides de ce que ma mémoire connaissait, mais tous possiblement réels.
Ce qui était assez fascinant entre 2018 et 2021, avant l’arrivée de Dall-e, c’est que les IA que nous pouvions utiliser, tel vqgan, disco-diffusion etc…, toute utilisable sur colab de google, non seulement permettait de saisir un peu leur logique de fonctionnement grâce aux enchainement de scripts python, mais surtout par leurs résultats dévoilaient la différence avec notre imagination humaine. Certes, déjà, ce qui ordonnait énormément de recherche tenait à une mimésis de la perception humaine, toutefois, il était indéniable qu’une forme de psychédélisme, d’hallucination machine avait lieu. La liaison entre le prompt (énoncé donné par un agent humain) et l’image générée par l’agent machine, reposait sur une tension entre dysformation et conformation. Il n’y avait pas en ce temps-là à rechercher des énoncés induisant des difformités dans l’image pour voir surgir des difformités. Toutefois, ce qui apparaissait comme difformité, ou encore erreur, n’était pas lié à un processus d’erreur, mais comme je le notais déjà : à une forme de pararéalisme. C’est pourquoi je rejetais strictement les notions de surréalisme. Le surréalisme, est relié à une forme critique du réalisme comme Ferdinand Alquié l’a parfaitement mis en avant dans La philosophie du surréalisme. Dans cette considération de l’IA domine de fait un primat anthropologique, imposant la réalité perçue humaine comme seule vérité.
Les models des IA, et donc derrière la constitution de l’espace latent à partir d’un deep learning loin de permettre une génération stricte et mimétique permettait d’explorer un imaginaire artificiel et de questionner certaines de nos différences structurelles.

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