[Radio] Chronique sur Pan Cake, radio Campus Lille
Chronique de Nikola sur Pan Cake, le 27 avril, dans l’émission L’arrache-coeur 223, Radio Campus Lille.
[site du chroniqueur où l’on peut entendre ses chroniques]
[site de radio campus Lille]
Chronique de Nikola sur Pan Cake, le 27 avril, dans l’émission L’arrache-coeur 223, Radio Campus Lille.
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corporalité centrifuge ou les affres du vide
par aurélie soulatges
Ce premier roman de Philippe Boisnard s’impose comme un road movie cannibale.
La “scène primitive” de cette fiction démarre à une date emblématique, le soir du 25 décembre 2000, par un viol collectif, dont est victime le narrateur, sur une aire d’autoroute. S’ensuivent d’incessants déplacements, essentiellement à bord de la Fiat bleue de ce dernier.
Si l’histoire se concentre autour d’un trou qui prend naissance brutalement à la place du ventre du principal protagoniste, l’ouvrage tout entier est à l’image de ce trou qui happe, creuse, fait le vide autour de lui, au propre comme au figuré. L’écriture de Philippe Boisnard, qui emprunte un rythme effréné et ininterrompu, musical, envoûtant et entêtant, est traversée par cette métaphore de la béance.
La seconde partie de Pancake procède à un renversement méthodique du viol par la tentation cannibale à laquelle succombe le narrateur, en proie à une très grande solitude, dans une volonté de vengeance exterminatrice.
Se rendant compte que ses organes repoussent au fur et à mesure qu’il les arrache, celui-ci les sert à ses clients dans le restaurant où il travaille. Ce n’est alors plus le corps qui est pénétré de force (par la bouche et l’anus), mais lui qui pénètre les autres, par la bouche, puis l’anus, dans une logique de mastication, qui précède la digestion.
Le roman de Philippe Boisnard procède ainsi d’une écriture de l’oralité autant que de la fécalité, marquée par un humour apocalyptique.
[sous le label A_K_S, conception d’une poétique réfléchissant sur ce que pourrait être une forme de fiction documentaire. Il s’agit de la création d’une sorte de roman photo, qui croise la logique de schématisation (mise en oeuvre par exemple avec les schémas_X_pensées) et une analyse empirique de certains processus de contrôle politique. L’ensemble de ces trois lignes est mis en jeu dans le fil d’une sorte de narration, portant surle secret de N.]
Pan-Cake, publié aux éditions Hermaphrodite, après une brève note de Pierre Lepillouër sur Sitaudis, vient d’être chroniqué — le mercredi 4 avril — sur Radio-campus Orléans, par Dominique Jeuvrey, tout à la fois exubérant et pertinent dans ce qu’il énonce.
[…] la main de Bachir saisit les billets tandis que la main d’Abdel donne le paquet de cigarettes Lucky Strike ou Marquise ou JPS ou, tandis que la main d’Antoine s’enfonce dans ma veste sans que je la sente, tandis que la main de Mireille prend le sac noir, empli d’olives, tandis que la main gauche de Claude tente de ne pas trembler, la main droite attendant d’appuyer sur le bouton de l’appareil photographique, tandis que les mains de Catherine pétrissent et branlent la verge d’Etienne, qui a ses mains sous la tête, son corps allongé, raidi, sur le dos, tandis que les mains de Rachelle caressent la fourrure du chat, couché sur le flanc, tandis que la main gauche de Kevin se saisit de la canne de billard, le sourire grandiloquent parce que, tandis que la main droite de Marion tourne les clés qu’elle a finies par retrouver dans son sac toujours en bordel comme le constate souvent la main droite de son mari, tandis que les mains de Elke, restent au chaud dans son gros blouson matelassé, toutes les Elke faisant de même, tandis que les mains de Saran traversent ses cheveux, mains agiles, rapides, mains manucurées, traversent pour les replacer derrière ses oreilles et dégager son front, tandis que la main de Claudio, sort 20 euros et les pose sur le comptoir pour payer le whisky qu’il vient de prendre suite à l’annonce de la naissance de sa fille, tandis que la main droite d’André s’approche de son anus, ses doigts écartant les deux parois resserrées et ridées, striées, ses doigts humectés de salive, s’enfonçant alors, creusant la résistance des plis, tandis que la main gauche de JP s’agite autour de son sexe, les yeux, oui, les yeux exorbités comme on peut le constater, les yeux immobiles et écarquillés face à une vidéo XXX qu’il fait tourner en boucle sur son lap-top, tandis que les mains de Séverine se portent et se posent sur son visage, on ne peut voir, pleure-t-elle ? rit-elle ? ses yeux sont-ils rouges irrités ?, tandis que la main d’Edouard s’applique à écrire, la main gauche délicatement posée sur la feuille, tandis que les deux mains de Thérèse reposent sur son ventre, le visage cireux, les yeux clos, la respiration définitivement suspendue dans un souffle qui ne viendra plus, tandis que les mains de Franck, dischroniques, frappent et tabassent la gueule déjà ensanglantée, depuis quelques minutes, de Karl, qui n’a rien, fait, qui n’a pas eu le temps de mettre ses mains en garde contre la volée, tandis que la main gauche de Marie berce l’enfant, la main droite sort le biberon stérilisé de la casserole, tandis que la main de Malik se pose sur le dos de l’homme qui dort près de lui, depuis toujours plus vieux que lui […]
Jérôme Bonnetto m’a invité à lui donner une contribution pour sa page invités, sur son site. Ma contribution : un extrait du livre que je relis et corrige actuellement, avec la création d’une vidéo poésie. [lire le texte].