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[article] La morale contre l’homosexualité

[article paru sur l’indique Marianne : “Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, Christine Boutin, députée des Yvelines, Etienne Pinte, député-maire de Versailles, Georges Tron, député-maire de Draveil (Essonne) et proche de Dominique de Villepin, Pierre-Chritian Taittinger, maire du XVIe arrondissement de Paris, ainsi que les maires de Béziers, Raymond Couderc, de Roanne, Yves Nicolin, de Valenciennes, Dominique Riquet, de Colmar, Gilbert Mayer, de Rouen, Pierre Albertini, et de Dieppe, Edouard Leveau”.

Cette pétition est elle-même relayée par Les associations familiales catholiques de Bretagne et par Les jeunes catholiques nantais. On le perçoit, et ceci n’est pas un secret quand on voit l’usage que le président de l’UMP fait du spam ou bien du videopodcast, il y a, de la part d’une frange réactionnaire quant au droit de l’individu, une mobilisation qui dépasse le cadre classique qui se polarise au niveau géographique, pour se développer et se répandre au niveau de la dimension web et sites d’actualités. Signalons que ces sites sont directement accessibles par Google actualité. Ainsi, il ne suffit pas de dire, comme Bayrou, qu’il est seulement critique du manifeste. Car là aussi est posée une certaine définition de la conformité.

Au-delà de la fixation sur le pouvoir et sa suprématie, c’est au niveau de la population elle-même que se fixent et se diffusent des idéologies qui veulent une moralisation politique, à partir d’une définition de l’humanité qui duplique leur propre identité.

Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce déni de la légalisation/légitimation du mariage homosexuel et de l’homoparentalité ? Comme le rappelle Foucault dans le tome 1 de L’histoire de la sexualité, le caractère de normalisation de la sexualité au niveau de l’hétérosexualité est un mouvement moderne (XVIIIe et XIXe siècles) qui a, suivant une logique d’énonciation, discriminé toute autre forme de sexualité. Ceci provient du passage à une définition scientiste – qui est lentement devenue essentialiste – de l’homme et de ses rapports. Au XIXe siècle, le couple hétérosexuel est devenu légitime, et est passé sous silence, en faveur d’une concentration discursive sur les autres sexualités. “Mouvement centrifuge par rapport à la monogamie hétérosexuelle” [...] Le couple légitime, avec sa sexualité régulière, a droit à plus de discrétion. Il tend à fonctionner comme une norme, plus rigoureuse peut-être, mais plus sielncieuse. En revanche ce qu’on interroge [...] c’est le plaisir de ceux qui n’aiment pas l’autre sexe”. Ceci conduit Foucault à comprendre que l’interdit de l’homosexualité se fonde dans cette époque contemporaine à partir de la définition biologique des rapports humains, amenant que ce qui est invoqué tient à l’ordre d’une perturbation (du sang, principe d’impureté, qu’il relie avec la question du nazisme à la fin du tome 1) par rapport à la norme, définie selon une illusoire scientificité.

C’est ce qui se retrouve parfaitement dans les énoncés homophobes de Christian Vanneste (qui sera jugé le 24 janvier à partir de la plainte déposée par ActUp Paris, SOS Homophobie et le SNEG), au sens où il peut dire que “le comportement homosexuel est un danger pour l’humanité” car “la vie, c’est l’ordre et la hiérarchie des comportements”. Or, est-ce que l’homme, justement, dépend a priori d’une essence biologique ? Est-ce que justement, il n’est pas, pour reprendre la terminologie de Sartre, l’être pour qui “l’existence précède l’essence”, à savoir un être qui se pose dans le choix et dans la possibilité de la liberté de ses désirs ?

C’est pour cela qu’il est important que des réactions se fassent entendre, que cela soit celle de Tetu ou bien celle du PS et des Verts, afin de poser la nécessité d’une réflexion sur l’existence des hommes prise dans sa singularité, et non pas selon des normes illusoires définies a priori.