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Black hole in the language

L’écrivain François Bon définit le web comme une «fosse à bitume». Les posts, les publications s’enfonçant dans le temps dans l’obscurité du magma numérique des serveurs.
D’autre part, alors qu’internet est un lieu commun, lieu publique pour les réseaux sociaux, de plus en plus, cet espace est un lieu où l’intimité pourtant se décrit, s’énonce, se donne à voir, non pas sous la forme du secret, mais de l’exposition à tous. Facebook, instagram, ces réseaux sociaux recueillent jour après jour les photographies les plus privées et intimes des internautes qui partagent des moments et des pensées qui auparavant restaient dans l’éphémère du moment.
Étrange paradoxe, qui pourtant n’est qu’apparent. Cette donation de soi, agit aussi comme un abandon de soi, comme un oubli de soi. Les posts intimes se succèdent et s’effacent, se remplacent, se rectifient, se recouvrent, se dévorent selon la chaîne antéchronologique du temps des réseaux sociaux.

Avec Black hole in the language, il s’agit de proposer aux participants, visiteurs de l’exposition, la possibilité d’abandonner un souvenir, de le perdre, de s’en débarrasser. Ils sont invités via une web-app atteignable par QR-code ou en tapant l’URL, à envoyer le souvenir qu’ils veulent oublier ou qu’ils veulent envoyer dans les tréfonds du web. Et ceci anonymement. Trou noir, leur souvenir est absorbé par le vortex qui leur fait face, projeté soit sur un plexiglass retraité, soit un mur ou écran. Ce vortex est le trou noir de la mémoire, le trou noir du langage, le trou noir d’internet. L’oeil du cyclone qui absorbe toute lumière.
Simultanément, s’ils ont mis en même temps leur mail sur la web-ap, ils recevront au hasard, le souvenir d’un autre participant. Trou de verre.

Cette oeuvre joue sur le rapport trou noir/trou de verre.
Ce vortex de lettres, constitués de la fragmentation infinie des messages, est à la fois un puits et une ouverture. Un sans fonds et une porosité de transmission.