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[Publication DVD] sortie de [Petites annonces] ed. Incidences

  [Petites annonces] ed. Incidences, ISBN 978.2.916382.16.6, Prix 20 €.

Il aura fallu plus de deux ans pour que je concrétise ce DVD. J’avais réalisé une première version de [Petites annonces] fin 2006, épuisé rapidement lors de sa diffusion, où il n’y avait que 8 vidéos. Le projet a pris beaucoup plus d’ampleur, puisque dans ce DVD ce sont 17 vidéos qui sont présentes, sans compter les vidéos de transition. C’est grâce aux encouragements de Giney Ayme que cela a vu le jour.
Le DVD [petites annonces] se donne comme une dimension exploratoire, où le spectateur entre peu à peu dans les multiples plis qui sont constitués. L’ensemble interroge les codes par lesquels nous nous constituons en tant que sujet. Interroge aussi bien quant à la formation, leur esthétique et leur diffusion, que quant à ce qu’ils cachent, voilent, effacent. Les dimensions mises en évidence sont aussi bien les petites annonces des journaux gratuits, que les annonces de rencontre, que la publicité ou bien encore les effets d’annonce politique. Loin du simple détournement, ce qui travaille l’ensemble, est davantage de présenter des typologies générales des fonctionnements médiatiques. Cela suppose, comme l’exprime parfaitement Philippe Castellin dans sa présentation du DVD, un travail sur la décodifcation/démystification, mais aussi sur la saturation. Ici la saturation du message (aussi bien quant au sens qu’au niveau esthétique, n’est d’aucune manière recherchée dans une logique de détournement, de déplacement, mais bien au contraire, elle vise à montrer la radicalité de ce qui est transmis par les codes des publicités ou des annonces. L’hyperbole que j’utilise souvent (par exemple : la vente d’enfants, les stages intensifs pour devenir joystick, etc) sont des mises en lumière de la logique générale des processus publicitaires. Rien est détourné, tout est hyper-accentué dans les [petits annonces].

Présentation par Philippe Castellin (Akenaton)

Philippe Boisnard : le code à bras le corps

Prolongeant les pratiques des poésies visuelles, sonores ou performatives, c’est très logiquement que Philippe Boisnard en est venu, depuis longtemps déjà, à des travaux relevant du multimedia en général, de la vidéo et du numérique en particulier. Pour point focal: le code, le travail du, sur, et avec, le code. Constatons d’abord qu’il fait partie des (rares) poètes contemporains qui, s’étant lancés coûte que coûte dans l’aventure numérique, sont aujourd’hui à hauteur d’en maîtriser les outils, programmation comprise. Mais il y a plus : que l’analyse des codes fait partie de ses préoccupations constantes, obsessionnelles voire. Journaux, télé, web, montrer dans tout ce qui s’y voit et s’y impose quelles procédures de formatage sont à l’oeuvre jusqu’à saturation, tel est l’objectif. La matière dont se nourrit la création de Philippe Boisnard est la mediasphère où nous baignons tous, jusqu’à la noyade, et dont il entend, lui, exhiber poétiquement la machinerie. Poétiquement : non par une simple analyse théorique, mais par la re-mise en jeu des dites procédures , détournées quant à leur finalité, déconstruites et arrachées à leurs coulisses.Ici, on montre bien plus qu’on ne démontre. On montre en reproduisant. En répétant. En sur-saturant ce qui sature. Retour critique à l’envoyeur… Ainsi Philippe Boisnard dans son parcours a-t-il pu conjoindre comme thèmes et formes, autant la Spam-Poetry, la guerre en Irak, ou plus “banalement” les petites annonces et les sites de rencontre qui fleurissent en ligne. D’où également certains des effets stylistiques récurrents dans ses travaux: les virtuoses constructions d’espaces tridimensionels, les écrans givrés par le ruissellement des nombres, des formules, des codes, des signes, autant de symptomes à marquer que nous errons dans l’univers de la synthèse simulacrale, des clones, de la biogénétique et des manipulations les plus contemporaines… A l’horizon, comme question elle aussi récurrente, celle de la présence et du corps, – Soit: du devenir incertain de que l’on appelait jadis “sujet”, et d’une “vie” que l’on persiste à dire “réelle”. On peut rire des “petites annonces”. En oubliant le reste : que c’est l’image qu’il interroge autant quelle le hante, de toute sa minceur réversible, de tout son poids tissé et métissé, de son ambiguité réfractaires à nos oppositions pataudes, vrai/faux, réel/virtuel. Mais non mais non, Philippe Boisnard n’est pas un ironiste.